La situation du vin français se complique cette semaine, alors qu’une grande coopérative fait face à la musique financière.
Les Vignerons de Buzet, une coopérative viticole majeure située dans le Sud-Ouest de la France, a été placée en administration judiciaire avec une dette déclarée de 36 millions d’euros. Cette situation, similaire à une procédure de sauvegarde en cas de faillite aux États-Unis, a été officialisée mardi dernier par le tribunal.
Selon le journal Sud-Ouest, l’entreprise a contracté 18 millions d’euros de dettes à court terme et « plus de 35 millions » de dettes au total. En l’espace de cinq ans, la dette est passée de 4 à 36 millions d’euros. La coopérative, connue pour être l’une des plus progressistes et réussies de France, se trouve dans une situation dramatique due à plusieurs facteurs, notamment des acquisitions commerciales, l’état actuel du marché du vin et la performance de l’ancien conseil d’administration.
Les défis de la Buzet co-op
La situation est exacerbée par une audience en cours devant le tribunal des prud’hommes régional, où l’ancien chef de l’organisation réclame près d’un demi-million d’euros suite à son licenciement en début d’année. Ce montant dépasse de loin la trésorerie actuelle de l’entreprise. Le problème principal, comme l’a souligné un membre anonyme de la coopérative, est une production excédentaire par rapport aux ventes. « Produire 90 000 hectolitres quand on vend 50 000 – cela pose un problème majeur. »
Le tribunal a pris la coopérative sous son aile pour une période provisoire de six mois. Pendant ce temps, les 135 membres viticulteurs de la coopérative pourraient être confrontés à un plan d’arrachage des vignes, certaines institutions financières étant susceptibles de pardonner une partie de la dette.
À un niveau humain, l’avocat de la coopérative, Maître Dejean, exprime ses inquiétudes : « Je crains le pire. Certains viticulteurs sont émotionnellement à bout, étant les créanciers de la Cave. »
Les inquiétudes liées au mildiou dans le Rhône
Le Rhône n’a pas été épargné par les problèmes de mildiou qui affectent les viticulteurs dans presque toutes les régions cette année. Selon Vitisphere.com, les applications de sprays avant une période de fortes pluies début avril ont été décisives pour lutter contre le mildiou dans la région. Ceux qui ont manqué cette fenêtre ont rapidement vu des foyers de mildiou apparaître.
Des événements pluvieux supplémentaires en mai ont encore accru la pression de la maladie. Rémi Vandamme, conseiller viticole pour la Chambre d’agriculture de Vaucluse, a observé du mildiou dans toutes les parcelles qu’il a visitées, de Châteauneuf-du-Pape à Valréas. Selon lui, la pression de la maladie est pire que celle de 2008 et 2018.
Bien que le mildiou affecte également le Carignan, la majorité de la pression de la maladie concerne principalement le Grenache. Les consultants en viticulture Mélanie Choppin et Mathilde Joumas de l’Institut Coopératif du Vin (ICV) ont déclaré : « Toutes les variétés de Grenache montrent des symptômes de mildiou. D’autres variétés s’en sortent mieux. La situation n’est pas hors de contrôle, mais elle n’est pas non plus sous contrôle. »
Les viticulteurs espèrent que le mistral, le célèbre vent du nord, pourra arrêter la propagation de la maladie sur les vignes alors que la région entre dans les mois décisifs de la saison de croissance.
Extension de l’appellation Ventoux
Dans le cadre plus large du Rhône, l’appellation Ventoux a récemment étendu sa zone viticole pour inclure deux communes voisines, Velleron et L’Isle-sur-la-Sorgue, ajoutant ainsi 80 hectares potentiels de vignoble. Ces changements ont été officialisés par l’organisme législatif français en novembre 2023 et étaient en préparation depuis plus d’une décennie.
Les modifications incluent également la promotion du Vermentino et du Viognier de « cépages accessoires » à « cépages principaux » pour les vins blancs de l’appellation. Ils rejoignent le Bourboulenc, la Clairette, le Grenache Blanc et la Roussanne comme cépages principaux. La Marsanne est limitée à un maximum de 10 % des plantations.
Ces changements visent à réguler plutôt qu’à augmenter la production, selon Marie Flassayer, responsable de l’appellation.