L’avenir du vin français se trouve-t-il en Angleterre avec la montée des températures ?

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Face au changement climatique menaçant la France, premier producteur mondial de vin, les viticulteurs innovent en investissant dans des pays au climat plus frais, notamment le Royaume-Uni. Cette stratégie, particulièrement adoptée par les producteurs de champagne, pourrait redéfinir l’avenir de la viticulture face à la montée des températures globales.

Les défis climatiques de la viticulture française

Le vin peut sembler secondaire dans la liste des préoccupations climatiques, mais les vignes comptent parmi les cultures les plus vulnérables aux catastrophes telles que les incendies, les pénuries d’eau, la grêle et le gel. Les hivers chauds suivis de printemps anormalement froids perturbent l’équilibre délicat de la production viticole en France. Les raisins cultivés sur des vignes centenaires mûrissent plusieurs semaines plus tôt qu’ils ne le faisaient dans les années 1980. Dans le sud, la taille des fruits diminue, tandis que dans d’autres régions, les viticulteurs se lèvent avant l’aube pour allumer des centaines de bougies afin de dégeler les gelées qui tuent les bourgeons précoces.

L’essor de la viticulture anglaise

Alors que toutes les régions de France sont touchées par la hausse des températures, la Champagne est l’une des plus affectées. Le sud-est de l’Angleterre présente des températures similaires à celles de la Champagne il y a 30 ans, avec le même sol calcaire, offrant des conditions idéales pour les raisins chardonnay, pinot noir et pinot meunier qui entrent dans la composition du célèbre vin pétillant. Les viticulteurs français achètent des terres là-bas pour rester en avance sur le changement climatique. La maison de champagne Pommery a commencé à travailler avec des viticulteurs dans le Hampshire en 2014 pour produire des vins pétillants anglais, et a depuis planté ses propres vignes dans le comté du sud. En 2015, Taittinger a acquis environ 70 hectares dans le Kent.

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Un terroir unique

Il ne s’agit pas pour autant d’abandonner la légendaire région Champagne, du moins pour l’instant. Jean-Marc Touzard, directeur de recherche à Inrae, a déclaré à RFI que les conditions de production en Champagne restent favorables jusqu’en 2050, même si des changements sont à prévoir. En investissant au Royaume-Uni, les viticulteurs français ne cherchent pas tant à affronter le changement climatique qu’à diversifier leur portefeuille et à s’ouvrir au marché local.

Des règles de vinification strictes

Les règles de production françaises signifient que seuls les vins fabriqués et embouteillés dans des limites géographiques strictes ont droit à l’appellation champagne. Ces mêmes règles, établies par l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), déterminent également quelles variétés de raisins les viticulteurs peuvent inclure et comment elles sont cultivées. Touzard indique que l’Inao a annoncé la possibilité d’introduire de nouvelles variétés de raisins pour tester leur viabilité face au changement climatique.

Le goût du changement climatique

Le réchauffement climatique augmente déjà la teneur en alcool des raisins, tout en réduisant l’acidité et en faisant émerger des arômes inattendus. Les propriétaires de Moët & Chandon ont appelé à assouplir les réglementations, arguant que la France impose des normes de qualité plus strictes que l’Italie ou l’Allemagne. La maison de champagne a mis en place des unités de recherche pour tester de nouvelles technologies et méthodes de production. « Les traditions actuelles ne sont pas durables à long terme et il serait imprudent de les laisser atteindre leur point de rupture », a déclaré Vincent Malherbe, responsable des vignobles du groupe LVMH qui possède Moët & Chandon, lors d’une interview en 2021.

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